Le BIM – entendez Benin International Musical — pose ses valises au Nancy Jazz Pulsations le 13 octobre pour un concert d’exception.
Crédit photo © Axel Vanlerberghe
Le Benin International Musical a de quoi faire voyager, entre rythmes vaudous, chants traditionnels et mélodies électriques pimentées de groove trip-hop, hip-hop et rock. Il rend ainsi hommage à la musique des ancêtres du Dahomey, et reflète les cérémonies traditionnelles comme les clubs branchés de Cotonou.
Voilà trois ans que ce projet musical inédit se construit, petit à petit. Mais pour comprendre qu’il est déjà grand, il suffit de voir la liste des scènes et festivals où il s’est déjà produit. New York, le festival Gnaoua et musiques du monde d’Essaouira, etc. La bande de jeunes gens, originaires de différentes régions du Bénin, a décidé de prendre l’ascenseur, plutôt que l’escalier. À l’origine, une envie : celle d’Hervé Riesen, directeur des antennes de Radio France, passionné de musiques du monde tombé amoureux du Bénin, petit pays d’Afrique de l’Ouest dont on entend peu parler à l’étranger, malgré son immense richesse culturelle et la diversité de son patrimoine.
Il s’y rend avec un vieux complice, Jérome Ettinger, producteur et musicien qui avait collaboré avec des confrères du Caire pour le disque Egyptian Project.
Objectif au Bénin : réunir un groupe de jeunes artistes qui représentent cette diversité, tournés vers l’avenir mais ancrés dans la tradition, dont ils connaissent la valeur. Celle du vaudou notamment, dont l’image a été ternie par les images à sensation qu’Hollywood et une floppée de médias en ont diffusées, souvent sans en chercher le sens. Il aura fallu Jimmy Hendrix et des ambassadrices aussi douées qu’Agélique Kidjo (qui a repris Voodoo child) pour le défendre, avec toute sa profondeur. Sans oublier le Poly-Rythmo qui dans les années 2000 a fait sonner dans le monde entier son funk bourré de références vaudou. Car s’ils s’agit bien d’une religion, c’est aussi toute une culture dont la musique est une pièce de choix. Alors, pourquoi ne pas s’appuyer sur un patrimoine aussi original, que personne ne parvient aussi bien à faire briller que les peuples du golfe de Guinée (Bénin, Togo, Nigéria).
Bref, après des auditions, le groupe entre en résidence et en ébullition.
Et BIM ! un groupe était né.
Le résultat est étonnant, pour ne pas dire détonnant : car le BIM est une marmite dans laquelle tous les sons passés et actuels ont été mélangés : les rythmes initiatiques vaudou, l’afro-beat qui en est en partie l’héritier, mais aussi la funk dont les groupes de la région, dans les années 70, étaient devenus des caïds. Vincent Ahehinou, le Poly-Rythmo bien sur, mais aussi Lokonon André et les Volcans (autant d’artistes réunis dans la compilation African Scream Contest d’Analog Africa). Le rock, nerveux, est également de la fête, sans oublier le rap dont on sent qu’il est, pour cette génération d’artistes, une des lingua franca les mieux partagées. Et puis, parce qu’on en oublie, on peut aussi entendre des chœurs inspirés tant par les répertoires traditionnels que par les Églises (où tant de vocalistes africains ont fait et continuent de faire leurs classes).
Il ressort de l’écoute de leur disque, paru en septembre 2018, l’impression d’une immense diversité : à n’en pas douter celle du Bénin. BIM, ce talentueux collectif, ne fait que le rappeler, avec son enthousiasme et quelques grooves bien sentis : sur la carte de l’Afrique, le Bénin musical est bien plus grand que sa géographie.
Article publié initialement le 18 octobre 2018.